Anne Sylvestre Parole de chanson Le château de mes ancêtresLe château de mes ancêtres
était près de leur maison.
Eusse-je vécu, peut-être en leur temps,
Jeanne ou Marion,
j'aurais gardé les moutons.
Le château de mes ancêtres
couronnait une hauteur.
Un baron en était maître,
eux étaient avec ferveur
vignerons ou laboureurs.
Le rouet de mes aïeules
ignorait encore le lin,
tandis que dans les éteules
leurs gamines couraient seules
glaner quelques menus brins.
Mes aïeules souveraines
tenaient bien raide leur dos,
s'en allant à la fontaine
dans leur jupon de futaine
avant moi, porteuses d'eau.
Le château de mes ancêtres
était entouré d'un bois.
Etaient-ce chênes ou hêtres
ou platanes, je ne sais pas.
On les a jetés à bas.
Le château n'est plus lui-même
et ses ombres l'ont quitté.
Il s'écroule, et moi qui l'aime
sans ses tours en diadème,
je n'peux plus le regarder.
Ce n'est plus une demeure,
ce n'est plus une maison.
Ainsi les souvenirs meurent.
Il faut, avant que j'en pleure,
terminer cette chanson.