BOUCHéES DOUBLES Parole de chanson ApartheidEtre noir en France c'est vraiment trop d'soucis,
J'te jure qu'si j'allais voir un psy, il irait voir un psy,
Je, justifie l'incendie de vos boulangeries,
J'y ai vu des têtes de nègres, des bamboulas en biscuit,
Convaincu que si les noirs s'entretuent,
C'est qu'le président est blanc et bien entretenu...
J'aurais pu, lire le dico comme Shabazz,
Mais mon côté ghetto penche vers Farrakhan,
J'ai vu le mal qu'ils ont fait en Afrique du Sud,
Regarde Mandela, 27 ans dans une cellule,
J'crois qu'monsieur Bicot allongé ne simule pas,
L'Apartheid c'est dar, en voici quelques lois:
Interdiction des mariages mixtes, programme scolaire bantu,
Moins bien qu'celui des blancs, laissent les noirs sur le banc d'touche,
A défaut d'pouvoir les effacer,
Pour chaque noir de + de 16 ans, un laissé-passer,
Entassés dans les bidonvilles,
Interdiction d'fréquenter les lieux publics de la ville,
Ils tirent dans la foule à Soweto,
Abattent les manifs, comprend qu'on lève le poing comme l'ont fait Carlos et Smith,
Après l'€uro il faudrait créer l'Afro,
Voilà c'que j'me disais, solidaires entre négro,
Wallah les noirs sont loins d'être unis,
N'est-ce pas un noir qui tua frère Malcolm aux Etats-Unis ?!
N'est-ce pas des noirs les Hutus et Tutsis,
Qui ont mis un million d'vie en cent jours à l'autopsie ?!
N'est-ce pas des noirs qu'ont chopé kounta kinté,
N'est-ce pas des noirs accusés de Crime contre l'Humanité ?
Les génocides continuent, mes frères noirs au Libéria,
Charles Taylor qui les brûle...
Au Rwanda, Congo, Angola, Sierra Leone,
N'est-ce pas des noirs qui se sectionnent ?
On reproche aux blancs l'apartheid Nord-Sud,
Mais que feraient les noirs seuls à avoir le missule Scud ?
Tellement d'guerres que l'Afrique a la forme d'un gun,
Et quand c'est pas les munitions, c'est l'SIDA qui emporte nos jeunes,
Y'a plus d'paix, même les colons volent en escadrons,
C'est la violence que nous escaladons,
Mais bon, dans l'DIN aussi c'est difficile et divisés,
Certains mariages ont des ambiances canons-scillés,
Entre sénégalais-algérien, marocain-algérien,
Tunisien-marocain, sénégalais et malien,
Les deux parties se disent humiliées par l'autre,
Moi je dis que nos familles s'soucient trop du regard des autres,
Han han, entre sunnites et chiites,
On est concurrent, c'est impressionnant,
Mal placés comme un meurtre au Vatican,
Nos rivalités se heurtent dans un fossé grandissant,
L'Apartheid est mental, alors on s'plombe,
L'un d'mes frères pourraient bien faire le mounoul sur ma tombe,
Avec Ibrah c'est des cris sonores,
Séparés par la couleur et unis dans la douleur, Apartheid !
Ibrah
Tout nous sépare et pourtant,
J'me sens plus proche du Tiers Monde que la plupart de mes congénères,
Peut-être parce qu'on parle tout deux avec l'accent de la misère,
Et qu'on est similaire, divisés par des guerres,
Qui s'éternisent, même nos conflits n'ont plus d'motifs,
Tant d'billes pour la paix si on a perdu la notice...
On est habitué à faire sans,
Regarde Moi et mes semblables, forcés à bouffer l'retour de flammes,
Pour un feu qu'on a pas mis mais, pour eux c'est idem,
Tous les guarlouches sont les mêmes, faut qu'ils crèvent, qu'ils paient,
La férocité blanche qui a traversé les siècles,
Et laissé tant de séquelles encore ouvertes,
Colonies, esclaves, commerce triangulaire,
Traite négrière, pillages, massacres, apartheid,
Zoo humain, combats et génocides,
Extermination de certains peuples pour ses terres,
Certes, Je reconnais que l'Histoire s'est souvent écrite,
Avec des armes blanches, tenues par des hommes de mon type,
Mais ne croit pas qu'on se ressemble tous,
Sinon autant dire que sous chaque noir se cache un Mobutu,
Et quand c'est pas toi qui me tient pour responsable,
De l'autre côté, on me dévisage,
Car trop loin de l'idéal, j'ai ni le look ni les critères,
Pour être titulaire, membre de leur élite bourgeoise,
Alors exclu de leur cercle, ça se sent même là-bas,
Que j'suis pas le bienvenue, que j'suis juste d'la sale race,
Parce que je vis au quotidien parmi des noirs et arabes,
Je mange de la main droite comme les noirs, les arabes,
Parle un langage, mélange d'Afrique noire et d'arabe,
De verlan, de manouches, bref de ma France à moi,
Regardé d'travers par des hommes pourtant borgne laid,
Membre du FN souhaite voir mon corps à la morgue,
Car je n'suis pas digne d'être français pour eux,
Leurs ennemis, les bougnouls, appellez-moi bougnouls comme eux,
De tout façon pour certains,
Ma conversion à l'Islam c'est pour espérer devenir maghrebin,
Dis leur bien à tous qu'ils font fausse route,
Moi j'suis fier d'mes origines et j'n'aime toujours pas l'couscous,
J'suis qu'un jeune de banlieue comme Serigne M'Baye Gueye,
Sauf qu'ici c'est moi l'nègre parce qu'en minorité,
Dans ces immenses regroupements de tours,
Ressortez les couverts les frères, l'Apartheid est d'retour...