Gérard Ansaloni Parole de chanson La mort de la viergeLes docteurs sont autours, les papes et la crosse
Et l'enfant de choeur et le vieillard curieux.
On hésite, on se presse, on n'ose être féroce,
On n'ose plus montrer la douleur du lépreux.
On pose ses genoux, comme on est en souffrance
Et, le front au fichu, le quotidien ne sait
Qu'un indicible ennui, déjà comme une errance
Où le mensonge jouit. L'acteur et son portrait...
Ecartez ce rideau qui nous déchire l'âme !
Doucement, doucement... Les vieillards sont âgés !
Bienvenue aux adieux, la voilure se pâme !
Je ne peux pas croire cette femme cachée !
Sa nuque corrompue excite la mâchoire...
C'est la vie qui dit merde à la mort de Marie !
Sous ses jupons froissés, je sens l'envie de croire.
Son cul est un acide où fond le saint esprit.
On entend des appels ! Ce sont eux ! Les ministres
Insatiables de Dieu, questeurs effrayants
Avec leurs bras déjà trop grands ouverts, sinistres !
"Seigneur, pitié pour nous ! La grâce aux suppliants !
Seigneur, encore un peu de la bonne souffrance.
Seigneur, faites fermer ce livre ouvert trop grand !
Donnez-moi du raisin, allons ma bonne errance...
Que me veulent ces gens ! Que me veut cet orant ?
Abandonnez ma main, ouvrez cette tenaille !
Mère, ils me font si mal, abandonnez ma main...
Les docteurs ne sont pas de ces hommes de paille
Qui pour un jeune sein vous laissent en chemin.
Qui donc est ce pape, qui est son acolyte ?
Je ne suis pas d'ici ! Que font donc les rabbins ? !
Je t'en supplie docteur, vois, prends cette hittite
Ce ne sont que barbares, curieux, robins"
Sa tête a chaviré sur la moiteur des bures;
Une odeur inconnue remémore aux vivants
L'abjecte prépotence de ce qui n'a cure
Des humeurs de l'esprit : le relent du dedans.
On apporte les draps, les couvertures rêches,
On la borde, on rafraîchit de parfums son front
Que travaille un souci et l'ombre d'une mèche.
Que ne sait-on mourir comme les bêtes font...
Dehors sont les arbres, les fleurs et la lumière.
Sûrement les enfants s'amusent gravement
Dans une flaque de soleil à la lisière
D'une orangeraie où somnolent des gitans.
Et que dit-on à son Dieu
Quand l'hiver nous a ruinés ? !
Et de nouveau les agitations, la fièvre,
Les gestes sans noblesse, tremblements idiots,
On comprend la laideur et son travail d'orfèvre,
Parfois, on l'aimerait toute nue, sans maillot,
Vertueuse et polie, mais elle est dégueulasse,
Elle fait dans ses dessous, Seigneur ! quel travail !
L'oeuvre du créateur bien souvent dans la crasse
Déploie ses métamorphoses, comme au sérail
Les maures font. Seigneur que votre maïeutique
Est horrible ! On dirait de votre serviteur
Les souillons raturés ou d'un âne la trique
Et pourquoi pas la mort, fertile, de la vierge !