LA RUMEUR Parole de chanson Blessé dans mon égoDevant les cle-ons du bled, devant la famille,
Pas d'hip hop machin, pas de pantalon aux chevilles,
c'est sûr, le genre de truc qu'ils ne conçoivent pas de rigolo,
plutôt une baffe dans la gueule et un aller Paris Togo.
Car je suis un métèque, ça oui, mais je ne viens pas d'Italie
mais d'une ex colonie aujourd'hui sous dictature.
Ici, pas de temps à perdre copain,
quand on a le pif dans la merde et l'épiderme d'un africain.
Mieux vaut se taire, faire ses affaires, prendre son blé,
faire péter les diplômes ou se dépenser en faculté.
C'est comme ça, là bas le pera ça veut dire quoi?
C'est clair que pour la famille, j'ai pas le temps de jouer à ça.
Tes amerloques, tu les laissent où ils sont,
leur culture bidon, leur façon de foutre leurs pantalons.
En clair, ces années sévices, de sacrifices,
c'est pas pour que tu grandisses et que la douce France t'applaudisse.
Ici, t'es en mission pas en clown fiston,
en BLACK qui chantonne et apparenté à des clones.
Tant de bons et loyaux services et de boulots à contre coeur,
C'est pas pour que tu finisses une terreur chez les rappeurs.
Voilà en clair ce que la famille me répond,
quand je parle à la première personne et que j'hausse trop le ton.
En clair, ça ne demande pas d'explications,
c'est fondé, le genre de raisonnement qui te cloue le bec à l'arrivée.
J'y songe car rien n'éponge un passé de rapatrié,
des visas falsifiés, faux, des papiers de clandos.
J'y pense, reste québlo et blessé dans mon ego
J'y pense, reste québlo et blessé dans mon ego
Refrain (x2)
L'expatrié du coin te parle
Et quoi de neuf cousin?
A l'heure où trop de putes jouent la carte de l'assimilation
Ici ou là, le même schéma, le même statu quo
Perdu le cul entre deux chaisesSeul face à mon ego
Les vols archi complets, express, charters UTA,
des bagages à main rembourrés de colis pour les mamas.
Arrivée température locale 37 degrés nets,
un léger vent sec souffle le soleil frappe fort,
les vêtements trempés, le corps mouillé à l'aéroport.
Changement de décor ici, des militaires armés,
une photo du président collée aux casquettes des douaniers,
en vestes kaki, aux regards apparemment froids,
mais tranquilles avec toi quand tu leur chéla des CFA.
Bref, état de déprime sous une chaleur maritime,
torpeur unanime pour un putain de régime.
La famille m'attend, devant les grands-parents, je me tiens droit,
je l'écrase quand on me demande est-ce que les études ça va?
Les compliments défilent, quelques cousins se parlent et me brechan :
«Qu'est-ce que c'est que ces sapes et ces manières de petit blanc?
Les baskets en cuir, un jeans alors qu'il crève de chaud négro,
atterris où tu veux, pas au Togo, redescends sur terre
ou barre toi dans un 4 étoiles,
plein de parisiennes à poil en train de faire de la planche à voile.»
Conscient que le phénomène est inverse, que là bas
c'est pas les ressortissants français qui manifestent,
chez moi, tout de même, avec l'adjectif franco.
Un putain de terme en trop qui me blesse droit dans mon ego
Un putain de terme en trop qui me blesse droit dans mon ego
Refrain
Le cul entre deux chaises, un permis de conduire aux frontières,
ici une carte d'identité française périmée.
Mon gros nez, mes tifs crépus et secs annulent sa validité,
c'est certain, après tout je m'en fous, là où je suis vex
c'est que le contexte actuel et dans lequel j'évolue me colle au cul,
un statut de paria ici, d'intrus en canceva au bled,
une culture dissoute et corrompue de A à Z.
beaucoup sont dans mon cas mais ne le revendique pas trop.
Aveugle ou parano, personne ne ment à son ego
Aveugle ou parano, personne ne ment à son ego
Refrain