LA RUMEUR Parole de chanson Quand le diable est au piano [Philippe]
Et puis on danse sur les sens interdits quand l'incendie chante une douce mélodie, applaudie et dis que t'en veux encore, si c'est faux dans les accords, peu importe si ça matraque fort. Ils ont l'or et la chanson qui va avec, et un chef d'orchestre qui joue du plomb pour nous clouer le bec. Ducon, chez nous l'argent rime avec urgent, genre, oppose la crasse à du détergent. Or ils veulent qu'on plie, qu'on casse, ils veulent qu'on flanche, quand le diable est au piano et qu'il n'enclenche que les touches blanches. Et les sales races entassées dans les préfabriqués, quand vient la chasse, allumeront les briquets. Traqués dans ce putain de zoo, avec des chiens autour des os, dont les écoutes ont fait saturer le réseau. Joue leur un do mineur et ils te feront un doigt majeur parce que la rue n'est qu'un incinérateur.
[Ekoué]
Quand le diable est au piano, dès ses premières notes la mélodie du meurtre se heurte aux partitions morbides d'un homicide ou l'ombre sur l'instrument, sombre pressentiment naissant d'une détonation claire qui me glace le sang. Involontaire ou délibérée, quand le musique du chaos suit le mouvement saccadé, la république s'écroule à nos pieds et nos chevilles ouvrières lui piétinent sa mère. Quand la haine répond aux appels des sirènes stridentes d'une symphonie instruite du bruit de la détente puisque comme vous dites nous sommes des parasites. Réprimez-nous comme vous le faîtes, imprimez le deuil à nos sourires y compris pendant les jours de fête, réécrivez des pans de notre histoire entière, continuez à jouer avec nos nerfs. Ce concert d'ironie noircira les moeurs doucement mais sûrement, au fil des heures en attendant d'y voir plus clair jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à faire.
Refrain
Quand le diable est au piano, qu'il joue la note de trop, quand le piano est au diable ce que la corde est au cou des présumés coupables.
[Mourad]
Quand le diable est au piano, les voix s'éraillent, s'écorchent, les peaux s'arrachent et s'offrent en images et en strophes. Il tombe des cordes, prêtes à nouer le désordre, les sonorités se tordent sous de sales mots d'ordre, c'est pas faute de vous avoir prévenus, contrairement aux somations, avant ces balles perdues. Le verre se brise et le sang rougeoie au mur, le cuir s'ajoute au cuivre et les fils à l'ossature. La chair dans un éclair se sert en fil de fer, humide qui s'agrippe à la prise terre. Les gammes s'affairent et s'enflamment crescendo, avec la douce violence du verbe à fleur de peau.
[Hamé]
Quand le diable est au piano, l'accord est comme une faux, un genre de coupe-nuque au bras d'un vieux bourreau, symphonie blanche, belle comme un échafaud, alphabet de la haine froide en guise d'ex-voto. Tous pétés à la douleur de l'étau, l'encéphalogramme haut, nous sommes les fils des plus vieux barreaux, esthétique de l'embargo du berceau au tombeau, héritage du fouet pour histoire sur pied-bot. Mais qui se paye notre peau ? Qui nous crache d'en haut ? Qui a le trousseau de clefs au cachot ? Et tout ce bordel ne me parle plus qu'à demi mot, quand il me résume le monde par un seul écriteau : une voie, deux trains, trois raisons de prier, avant de courir te foutre à l'eau. Sur une portée recto-verso, à la faveur d'une insomnie de trop, j'ai vomi les partitions du diable en solo.
Refrain