Serge Reggiani Parole de chanson Jean des brumesIl a posé son chevalet
Au premier jour de la neuvaine
Dans ce hameau de Pont-Aven
Ou nos jeunesses cavalaient...
Entre sarcasmes et chapelets
Il faisait naître sur ses toiles
De drôles d'étés, de drôles d'étoiles,
Nous, on courait sur les galets...
Il avait des cheveux d'archange
Et ce regard vers l'intérieur,
Cette lumière supérieure
Qui vous pénètre et vous dérange
Sa gueule bouffée par ses yeux
Portait l'empreinte des embruns
Et son pinceau brûlait sa main
Et sa main barbouillait du feu...
C'était Jean des brumes,
Un marin de terre
Avec son costume
D'amertume et de mystère
C'était Jean des brumes,
Un géant botté
De plomb et de plumes
Je suis passé à côté...
Ce n'était pas un peintre, non
Ce n'était qu'un témoin d'amour
Un assassin de vieux discours
Qui se foutait d'avoir un nom...
Quand il nous a quittés, c'était
Le dernier jour de la neuvaine
Mais le clocher de Pont-Aven
Depuis qu'il s'est flingué se tait...
C'était Jean des brumes
Un marin de terre
Avec son costume
D'amertume et de mystère...
C'était Jean des brumes
Moi j'avais quinze ans
Son aura posthume
Me suit encore à présent
Tous les Jean des brumes
Sont toujours lestés
De plomb sous les plumes
Il ne l'a pas supporté ...
Une vie s'allume
Une vie s'éteint
Comme Jean des brumes
Parfois je hais les matins....
Jean des brumes